Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/42

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été de 505 francs 38 en 1890. Ce qui est au contraire très significatif, c’est : 1° le nombre total des déposants qui indique la catégorie de la nation qui épargne : il était, en 1835, de 400.000, en 1884 de 4 millions, en 1890 de 7.266.096, y compris 1.504.688 à la caisse postale ; 2° le rapport du chiffre, total des dépôts à la population ; en 1835, le total des dépôts partagé par tête d’habitant n’aurait donné que 1 fr. 91 par habitant, tandis qu’en 1890 il donnait 86 fr. 49[1].

Les affirmations de M. Delahaye pour l’Angleterre ne sont pas plus exactes. M. Leone Levi constate qu’en réalité, en trente années, alors que la somme des revenus des grandes fortunes s’abaissait d’un tiers, le revenu total de la classe moyenne inférieure gagnait 37 pour 100 et celui de la classe ouvrière augmentait de 59 pour 100. Les impôts qui grevaient les consommations populaires ont été largement diminués, tandis que ceux chargeant les classes riches et moyennes ont été augmentés (chap. xiii, § 8). En réalité, aujourd’hui, les ouvriers anglais qui ne fument pas et ne consomment pas de boissons alcooliques échappent en grande partie à l’impôt.

M. Robert Giffen, de son côté, conclut ainsi un travail sur le développement contemporain du capital :

Au cours des cinquante dernières années, il y a eu un progrès général ; mais dans les dernières années ce progrès a été moindre au sommet de l’échelle sociale que dans les échelons inférieurs. On a prétendu que depuis cinquante ans la condition des masses avait subi une détérioration spéciale. Les statistiques de la mortalité et

  1. Nous relevons dans le texte l’altération des éléments statistiques qu’a commise M. Delahaye ; mais il faut reconnaître que tous les dépôts des caisses d’épargne ne sont pas faits par des personnes de condition moyenne. Le gouvernement, pour mettre la main sur la plus grande masse de capitaux disponibles, a élevé beaucoup trop haut le maximum des dépôts des caisses d’épargne, et il est bien des personnes riches qui trouvent commode de placer à vue au 4 p. 100 ou au 3 1/2 p. 100 2.000 francs (4.000 francs par ménage, puisque le mari et la femme peuvent avoir des comptes distincts), alors qu’aucune banque sérieuse ne leur donnerait plus de 1 ou 1 et 1/2 p. 100 dans ces conditions. Mais le total des comptes inférieurs à 1.000 francs, qui en 1890 était de 5.875.820 comptes, avec un avoir de plus d’un milliard de francs, indique bien l’usage de plus en plus large que les classes populaires font de cette institution.