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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/548

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jugement les entreprises auxquelles nous faisons allusion, le font avec une grande supériorité. Ils remplissent là une fonction économique très utile et leur caractère cosmopolite n’est pas pour y nuire. Les combinaisons industrielles qui semblent une nécessité dans certains cas (chap. vIII, § 6) en sont singulièrement facilitées. A mesure que les vieux pays s’épuisent, ils transportent dans ces champs lointains leurs capitaux, et y mettent en œuvre leur capacité. Ils échappent ainsi à la baisse de l’intérêt et à la dépréciation des outillages anciennement engagés.

La fondation de banques ou de sociétés de crédit foncier sous la forme anonyme est aussi un des moyens par lesquels les grandes maisons européennes exercent leur action dans les pays nouveaux où il faut à la fois importer des capitaux et créer un organisme financier.

Elles se sont ainsi constitué des fiefs en Amérique et bientôt ce sera en Afrique qu’elles étendront cette royauté de l’argent.

Par un accord tacite elles évitent d’empiéter sur le domaine les unes des autres. Le Brésil appartenait en ce sens aux Rothschild. La maison Gibbs a la main dans toutes les affaires mexicaines. Les Baring s’étaient, malheureusement pour eux, assuré le monopole de la République Argentine et de l’Uruguay.

Si nous devions raconter comment se traitent les affaires dans les pays nouveaux, nous serions entraînés trop loin. Avec un peu d’histoire et beaucoup d’imagination, nous nous faisons un tableau patriarcal de ce que fut la juventus mundi dans les pays classiques. Mais dans toutes ces jeunes républiques le gouvernement parlementaire en s’alliant avec les faiseurs d’affaires, les contratistas, comme on dit dans l’Amérique espagnole, produit un état moral, qui est tout l’opposé de celui que Fénelon ou Tolstoï nous décrivent. [fin page528]