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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/57

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c’est-à-dire anciennement fondées et d’un capital de même importance, le nombre des actionnaires varie pour chacune de 6.000 à 8.000. Une trust company a 23.000 actionnaires inscrits sur ses livres et d’autres en ont davantage encore. La plupart d’entre eux n’ont qu’un petit nombre d’actions, cinq à dix au plus. Ce sont des femmes et des hommes de profession qui placent peu à peu leurs économies. Leurs voisins moins économes les rangent dans la classe des monopolistes et des rentiers gorgés de titres !

Autant qu’on en peut juger par les résultats du Census de 1890, a dit avec raison Mgr Keane, la condition réelle des choses va en s’améliorant dans ce pays. La proportion des personnes possédant des propriétés soit dans le sol, soit dans.les banques d’épargnes et les building associations, dans le commerce et les entreprises industrielles ou dans les polices d’assurance, semble s’accroître d’une manière constante. Nous sommes loin de vivre dans l’île d’Utopie. Il y a beaucoup de choses à améliorer ou auxquelles il faut porter remède ; mais les faits montrent qu’il y a lieu non pas de désespérer de l’avenir, mais de se mettre à l’œuvre avec une confiance légitime[1].

Cependant, quand on étudie la constitution économique actuelle des États-Unis, on est surtout frappé par la formation d’un grand nombre de fortunes énormes dans un espace relativement restreint. Quelques chiffres expliqueront ces cris contre la ploutocratie, qui retentissent si fréquemment dans les meetings populaires et dans la chaire de l’autre côté de l’Atlantique.

Un journal de Philadelphie a, en 1891, essayé de donner une esquisse de la formation des grandes fortunes de 1852 à 1891. A la première de ces dates, un ouvrage, the Wealthy men of Massachussetts, présentait comme un fait étonnant que dans cet État 1.920 personnes possédassent ensemble un total de 284.689.000 dollars. 18 possédaient au delà d’un million de dollars ; parmi eux un négociant de Boston, appelé Ebenezer Francis, avait 3.590.000 dollars, gagnés dans le commerce et le prêt à intérêt, et M. Abbott Laurence, d’une

  1. American catholic quarterly Review, juillet 1891. Voy. dans le même sens un article de Mgr Spalding, évêque de Peoria, dans le Catholic World de septembre 1891.