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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/59

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riches du Massachussetts, 775 avaient commencé par être complètement pauvres. Parmi les 70 cent-millionnaires d’aujourd’hui, la proportion est encore plus forte[1].

XII. — Le progrès économique se mesure à la fois par l’augmentation des consommations populaires normales, autrement dit par l’élévation du standard of living, et par l’accroissement des capitaux résultant de l’épargne. Le second de ces éléments amenant nécessairement au bout d’un certain temps le développement du premier, c’est à lui surtout que s’attachent les statisticiens. L’on présente assez souvent comme une mesure de l’épargne nationale le total des émissions de valeurs mobilières faites durant l’année dans un pays, déduction faite des amortissements, remboursements, conversions. Ce chiffre a son importance et les variations, qui se produisent d’une année à l’autre dans les émissions, sont un indice pour apprécier la prospérité plus ou moins grande des affaires, le point où elles en sont sur la courbe qui exprime leurs variations périodiques. Mais cela ne donne pas du tout l’idée de l’épargne et de la capitalisation effectives d’un pays[2].

En effet, cette statistique laisse en dehors les constitutions et incorporations de capitaux que propriétaires, fermiers, industriels font eux-mêmes. Le meilleur placement que puisse faire un agriculteur, c’est d’augmenter son capital d’exploitation. Il en est de même du manufacturier. Les meilleures affaires

  1. Cf. les Etats-Unis contemporains, t. II, p. 165, et de Varigny, les Grandes fortunes aux Etats-Unis et en Angleterre.
  2. V. Robert Giffen, the Growth of capital, pp. 151 et suiv. Chaque année, M. Georges de Laveleye publie dans le Moniteur des intérêts matériels un tableau des émissions publiques classées en emprunts d’Etats et de villes, — établissements de crédit, — chemins de fer et sociétés industrielles, — conversions. Il évalue à 6 milliards de francs le montant net des émissions de 1888, à 8 milliards ½ celles de 1889, à 5 milliards celles de 1890. Il faut en effet déduire des chiffres bruts : —1° les conversions ; —2° les titres qui restent dans les caisses des établissements de crédit ; — 3° les transformations en sociétés anonymes d’entreprises existant auparavant sous une autre forme légale. Il ne faut pas s’attacher exclusivement aux lieux d’émission ; car il y a des années, par exemple 1890, où il y a eu fort peu d’émissions à Paris et où cependant notre place a acheté énormément de valeurs sur les places étrangères. V. un spécimen de ces études dans le Bulletin de statistique et de législation du ministère des Finances, 1891, t. I, pp. 85-87.