Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/70

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au plus à Florence, à Venise, à Milan, la fabrication des draps et des soieries servait-elle de base à des fortunes que le grand commerce et la banque développaient ensuite. Les Bardi et les Peruzzi étaient devenus assez riches par le commerce des draps et la banque pour prêter à Édouard III d’Angleterre jusqu’à 1.500.000 florins d’or, somme énorme pour l’époque et dont il leur fit banqueroute.

Au commencement de ce siècle, une ère nouvelle s’est ouverte avec la vapeur, la houille, les procédés chimiques. L’industrie manufacturière a pris son essor et a été la source des grandes fortunes contemporaines.

C’est en Angleterre que l’on peut le mieux suivre le mouvement économique qui fait que la terre, après avoir été presque la seule richesse, est devenue seulement une part de la richesse nationale. A la fin du xviie siècle, sir William Petty évaluait, avec assez de vraisemblance, à 250 millions de livres le capital de l’Angleterre, sur lesquels 144 millions représentaient la terre, 30 millions les maisons, 36 millions le capital agricole et le reste la richesse mobilière. En 1885, M. Robert Giffen estime le capital total de l’Angleterre (déduction faite de l’Ecosse et de l’Irlande) à 8.617 millions de livres, sur lesquels 1.332 millions, soit le 6e seulement, sont attribués à la terre. Les maisons sont comptées pour 1.700 millions, plus du 5e ; tout le reste est représenté par la richesse industrielle et commerciale et par les valeurs mobilières.

En France, nous n’avons pas des calculs aussi exacts ; mais si l’on estime la richesse nationale à 200 milliards de francs, la terre figurerait dans ce total pour 80 milliards, les constructions pour 40, les valeurs mobilières de toute sorte pour 80.

En Italie, où les anciennes conditions économiques se sont davantage conservées, M. Bodio et M. Pantaleoni estiment la richesse privée, déduction faite des dettes, à 32 milliards de francs pour les terres, à 6 pour les constructions, à 16 pour les valeurs mobilières.

M. de Varigny a esquissé dans un intéressant volume l’histoire