Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fait cela ? » si vous craignez Dieu, pourquoi fuyez-vous ? quand vous proclamez que celui que vous adorez est tout-puissant, comment croyez-vous pouvoir lui échapper ? Ils sont saisis d’une grande crainte, parce qu’ils comprennent qu’il est un saint et un homme d’une nation sainte – à Joppé, où ils avaient levé l’ancre, ils avaient connu le privilège du peuple hébreu, – et néanmoins ils ne peuvent receler le fugitif. Ils le reprennent pour sa faute, ils confessent leur crainte ; ils le prient, puisqu’il a commis le péché, d’y porter lui-même remède ; ou assurément, en cette parole : « Pourquoi avez-vous fait cela ? » ils ne récriminent point ; ils interrogent pour savoir pourquoi il a fui, serviteur son Seigneur, fils son père, homme son Dieu. Quel est ce mystère, et pourquoi fuir la terre, chercher un refuge sur les mers, abandonner la patrie et se rendre dans des lieux étrangers.

« Ils lui dirent donc : Que vous forons-nous pour nous mettre à couvert de la violence de la mer ? Car les vagues s’élevaient et grossissaient de plus en plus. » Jon. 1, 11. Les Septante : « Ils lui dirent donc : Que vous ferons-nous, afin que la mer s’apaise pour nous ? car les vagues s’élevaient, et les flots grossissaient de plus en plus », C’est à cause de vous, vous avouez, que les vents, les flots, la mer, les abîmes sont bouleversés ? Vous avez déclaré la cause du mal, indiquez donc le remède, En ce que la mer s’élève contre nous, nous comprenons que nous portons pour vous le poids de la colère divine Puisque nous le portons a cause de votre péché, que pouvons-nous faire pour que Dieu ne soit plus irrité ? « Que vous ferons-nous ? » vous mettrons-nous à mort ? mais vous êtes un serviteur du Seigneur ; vous épargnerons-nous ? mais vous fuyez Dieu. Notre devoir est de prêter nos bras à l’exécution ; le vôtre, de commander ce qu’il faut faire, afin que s’apaise la mer, qui par son courroux atteste maintenant le courroux du Créateur. Et l’historien donne aussitôt la raison de cette question : « La mer allait et grossissait toujours », Élie allait sur ordre qu’elle en avait reçu, elle allait pour venger son Seigneur, elle allait pour poursuivre le Prophète fugitif. Elle grossissait de moment en moment, et aux yeux des matelots comme en suspens, elle s’élevait en vagues plus grandes, pour montrer qu’elle ne pouvait différer plus longtemps la vengeance du Créateur.

« Il leur répondit : Prenez-moi et me jetez à la mer, et elle cessera d’être violente contre vous ; car je sais que c’est à cause de moi que celte grande temple est venue fondre sur vous. » Jon. 1, 12. Les Septante : « Prenez-moi et me jetez A la mer, et elle s’apaisera pour vous ; car je sais que c’est à cause de moi que les flots ont grossi contre vous. » C’est contre moi que mugit la tempête, elle me cherche, et c’est pour me saisir que Je naufrage vous menace : il me prendra pour que vous vivier par ma mort. « Je sais que c’est à cause de moi