Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/524

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aussitôt. » Le texte ne, dit pas : Ils saisirent, ni ils se précipitèrent pour saisir, il dit : Ils prirent, comme quand on porte avec déférence et honneur ; il ne leur résistait pas, il leur tendait les mains et se mettait à leur merci quand ils le jetèrent à la mer, et la mer s’arrêta, parce qu’elle avait trouvé celui qu’elle cherchait. Lorsqu’un homme qui poursuivait un : fugitif, et précipitait le pas à sa suite, l’a atteint, il cesse de courir, il s’arrête et tient fortement celui qu’il a saisi ; de même la mer, irritée tant qu’elle n’avait pas Jonas, dès qu’elle a englouti en son sein l’objet de ses désirs, est pleine de joie, elle l’entoure de caresses, et cette joie ramène la tranquillité. Il suffit de considérer, d’une part, avant la. Passion, de Jésus-Christ, les erreurs du monde, les vents opposés des diverses doctrines, le navire et tout le genre humain, c’est-à-dire la créature du Seigneur près de périr, et d’autre part, après la Passion, la tranquillité de la foi, la paix de l’univers la sécurité de tous, la conversion à Dieu, pour voir comment la fureur de la mer s’est apaisée dès que Jonas y a été précipité.

« Alors ces hommes conçurent polir le Seigneur une crainte pleine de respect ; ils immolèrent des hosties ; au Seigneur, et firent des vœux. » Jon. 1, 16, même traduction dans les Septante. Avant la Passion du Seigneur, dans leur crainte, ils crièrent vers leurs dieux ; après sa Passion, c’est le Seigneur lui-même qu’ils craignent, c’est-à-dire qu’ils vénèrent et adorent, et ils conçoivent, non pas seulement de là crainte, comme le disait plus haut le texte, mais une grande crainte, selon cette parole : « De toute votre âme, de tout votre cœur et de toute votre pensée. » Mat. 13, 37. Ils immolèrent des hosties, », non qu’ils eussent la possibilité, en pleine mer, d’offrir des victimes matérielles ; mais en ce sens qu’un esprit contrit est le sacrifice qui plaît a Dieu ; Psa. 50, 1 ; seqq. de même qu’il est écrit ailleurs : « Immolez à Dieu un sacrifice de louanges, et rendez vos vœux au Très-Haut. » Psa. 49, 14… « Nous Vous rendrons, Seigneur les génisses de nos lèvres. » C’est ainsi qu’ils immolent en mer des hosties, et : qu’ils en promettent d’autres par le vœu de ne s’éloigner jamais du Dieu qu’ils ont commencé d’adorer. Ils conçurent une grande crainte, parce que la mer tranquille et la tempête en fuite leur montrait la vérité des paroles du Prophète. Jonas fugitif sur mer, naufragé, mort, sauve le navire ballotté par les flots ; il sauve des idolâtres ballottés ; jusque-là entre les erreurs et les sophismes divers du monde, et Osée, Amos, Isaïe, Joël, qui prophétisaient à la même époque, ne peuvent amender le peuple en Judée. Ce qui montre bien que la tempête ne peut être apaisée que par la mort du fugitif.

« Le Seigneur tînt prêt un grand poisson pour engloutir Jonas. » Jon. 2, 1. Les Septante : « Le Seigneur commanda alors à une grande baleine et elle dévora Jonas. » Le Seigneur ordonne à la mort et à l’enfer de recevoir le Prophète. La