Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/525

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mort, dont la gueule avide croit avoir affaire à une proie, le rejettera avec autant de regret qu’elle met de joie à l’engloutir. Alors s’accomplit cette parole d’Osée : « Ô mort, je serai ta mort ; je serai ta morsure, ô enfer. » Ose. 13, 14. Le texte hébreu porte « un grand poisson », ce que les Septante et Notre-Seigneur, dans l’Évangile, expliquent, en allant au plus court, par le mot « baleine. » Sans doute, Dag Gadol veut dire « grand poisson », mais c’est la désignation évidente d’une baleine. Il est à remarquer que, le Prophète trouve une sauvegarde là où l’on pensait qu’il dut trouver sa perte. Quant à ce qui est dit : « Le Seigneur tint prêt », ou c’est qu’il le fit dès le commencement, en créant le monstre dont il est écrit dans le psaume : « Ce dragon que vous avez formé pour s’y jouer ;» ou bien, il fit venir la baleine auprès du navire, afin qu’elle reçut en elle Jonas, précipité dans la mer, et qu’elle lui fournît un refuge contre la mort, en sorte qu’ayant, sur le navire, eu conscience de la colère de Dieu, il comprît sa bonté dans la mort.

« Et Jonas demeura trois jours et trois nuits dans le ventre de ce poisson. » Jon. 2, 2. Les Septante : « Et Jonas demeura trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine. » Notre-Seigneur, dans l’Évangile, explique le mystère de ce passage, Mat. 12, 1, seqq. et il serait superflu, ou de répéter son explication, ou de dire autre chose que ce qu’a déclaré celui-là même qui l’a souffert. Nous nous demandons seulement comment il demeura trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Certains divisent en deux jours et, deux nuits le parascevé, quand le soleil disparaissant depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, la nuit succède au jour, et, ajoutant le sabbat, estiment qu’il faut compter trois nuits et trois jours ; pour nous, par synecdoche, nous entendons le tout de la partie, en sorte que, depuis le moment où il est mort dans le parascevé, nous comptons un jour et une nuit, puis un autre pour le sabbat, et quant à la troisième nuit, qui est sous la dépendance du jour du Seigneur, nous la rapportons au commencement du jour qui suit, parce que, dans la Genèse, la nuit n’appartient pas au jour qui précède, Gen. 50, 1, seqq. mais au suivant, c’est-à-dire qu’elle est le commencement du lendemain, et non pas la fin de la veille. Pour plus de clarté, je m’exprime plus simplement. Supposons qu’un homme soit parti d’un endroit à neuf ; heures, et qu’il soit arrivé à un autre endroit, le jour suivant, à trois heures : si je dis qu’il a voyagé deux jours, on ne m’accusera pas aussitôt de mensonge, parce que celui qui a marché, au 51 eu d’y avoir employé toutes les heures de l’un et de l’autre jour, n’y en a employé qu’une partie. Je ne crois pas qu’il y ait d’autre explication. Que si quelqu’un, ne