Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

béante qui l’engloutisse, ait, il s’est souvenu du Seigneur, et qu’il a crié, soit que les eaux se soient divisées pour livrer passage à son cri, soit qu’il ait crié dans toute l’affection de son cœur, selon l’expression de l’Apôtre : « Criant dans vos cœurs : Père, Père ! » Rom. 8, 15. Il a crié vers celui qui connaît seul les cœurs des hommes, et dit à Moïse : « Que criez-vous vers moi ? » Exo. 14, 15, quand l’Écriture atteste que Moïse n’a fait entendre aucun cri avant cela. De même nous lisons dans le premier psaume des Degrés : « J’ai crié vers le Seigneur lorsque j’étais dans l’accablement de l’affliction, et il m’a exaucé. » Psa. 119, 1. Par fond de l’enfer, il faut entendre le ventre de la baleine, d’une si monstrueuse taille que son sein est comparé à l’enfer. Mai, s il est mieux d’appliquer le mot à la mission de Jésus-Christ, qui, sous le nom de David, fait entendre ce chant dans le psaume : « Vous ne délaisserez point mon âme dans l’enfer, et vous ne permettrez pas que votre saint voie la corruption. » Psa. 15, 10. Il fut vivant en enfer, et libre parmi les morts.

« Vous m’avez jeté au cœur de la mer, jusqu’au fond de l’abîme qui m’a entouré de toutes parts. » Jon. 2, 4. Les Septante : « Vous m’avez jeté jusqu’au plus profond de la pleine mer, et ses eaux m’ont entouré de toutes parts. » Quant à la personne de Jonas, l’interprétation n’est pas difficile : il fut enfermé dans le ventre de la baleine au plus profond et au milieu de la mer, dont les eaux l’entouraient de toutes parts. Quant au Sauveur, prenons cet exemple du psaume soixante-dix huit : « Je suis enfoncé clans une boue profonde, et je n’y trouve pas où poser le pied ; e suis descendu dans la profondeur de la mer, et la tempête m’a submergé. » Psa. 68, 3. C’est qu’il est dit de lui dans un autre psaume : « Cependant, vous avez rejeté et méprisé, éloigné de vous votre Christ ; vous avez renversé l’alliance que vous avez faite avec votre serviteur, vous avez jeté par terre et souillé dans la poussière son sanctuaire, vous avez détruit toutes les haies qui l’environnaient, », etc. Psa. 88, 39-41. En comparaison de la céleste béatitude, et de ce lieu dont il est écrit : « Sa demeure est dans la sainte paix », Psa. 75, 5, l’habitation terrestre est pleine de flots, pleine de tempêtes. Le cœur de la mer désigne l’enfer, que l’Évangile appelle aussi « le cœur de la terre. » Mat. 12, 40. Comme le cœur est au milieu de l’animal, l’enfer passe pour être au centre de la terre. Au figuré, il dit qu’il est au cœur de la mer, c’est-à-dire au milieu des tentations. Et pourtant, bien, qu’au milieu des eaux amères, étant tenté à tous égards, mais exempt de péché, il n’éprouve aucune atteinte des eaux amères, mais il est entouré de cc fleuve, dont nous lisons ailleurs : « Un fleuve impétueux répand la joie dans la cité de Dieu. » Psa. 45, 5. Les autres buvant les flots salés, dit-il,