Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/530

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qu’il ne me refuse point une issue ; j’y suis volontairement descendu, que j’en remonte sans obstacle ; je suis un captif volontaire ; je dois délivrer les captifs, afin que s’accomplisse cette promesse : « S’élevant vers les hauteurs, il a emmené la captivité captive. » Psa. 67, 19. Et en effet, ceux qui étaient auparavant captifs dans la mort, Jésus les a pris pour les rendre à la vie par abîmes, nous devons entendre certaines forces mauvaises, ou les puissances chargées d’infliger les tourments et les supplices, vers lesquelles, nous dit l’Évangile, les démons eux-mêmes demandaient à ne pas aller. Luc. 8, 1. seqq. Aussi la Genèse dit-elle que les ténèbres planaient sur l’abîme. Gen. 1, 1. seqq. Parfois on entend par abîme les mystères, les sens les plus cachés, les secrets de Dieu : « Vos jugements sont un abîme très-profond ; Psa. 35, 7 ;… « un abîme appelle un autre abîme, au bruit des cataractes que vous envoyez. » Psa. 12, 8.

« Les flots de la mer ont couvert ma tête, je suis descendu jusque dans les racines des montagnes, les gonds de la terre m’ont enfermé pour jamais. » Jon. 2, 7. Les Septante : « Ma tête est entrée dans les fissures des montagnes ; je suis descendu dans la terre, dont les gonds sont pour moi des barrières éternelles. » Nul ne doute que la mer couvrit la tête de Jonas, qu’il descendit jusqu’aux racines des montagnes, et qu’il arriva jusqu’au plus profond de la terre, jusqu’aux gonds et aux colonnes, pour ainsi dire, qui, par la volonté de Dieu, supportent le globe, dont il est dit : « J’ai affermi ses colonnes. » Psa. 74, 4. Quant à Notre-Seigneur et Sauveur, voici, ce me semble, ce qu’il faut en entendre, d’après l’une comme d’après l’autre version. Son cœur, sa tête, c’est-à-dire son âme, qu’il daigna prendre avec le corps pour notre salut, est descendue dans les fentes des montagnes, que les flots recouvraient, qui s’étaient dérobés à la liberté du ciel, que l’abîme entourait, qui avaient fait scission avec la majesté divine ; elle pénétra ensuite jusqu’aux enfers, lieux auxquels étaient entraînées les âmes dans la boue la plus profonde des péchés, puisque le Psalmiste a dit : « Ils descendront dans les parties les plus inférieures de la terre, ils seront le partage des renards. » Psa. 62, 10, 11. Ce sont là les gonds de la terre, et comme les serrures des plus profonds cachots des lieux des supplices, qui empêchent que des enfers sortent les âmes captives. De là l’expression significative des Septante : Κάτοκοι αἰώνιοι, c’est-à-dire qui désirent retenir toujours ceux dont ils se sont une fois emparés. Or, notre Seigneur, dont il est écrit dans Isaïe, sous le nom de Cyrus : « Je briserai les portes d’airain, et je réduirai en poudre les gonds de fer », Isa. 45, 2, est descendu jusqu’aux racines des montagnes, et a été enfermé par les verrous éternels, pour délivrer tous ceux qui avaient été emprisonnés.

« Vous élèverez néanmoins ma vie hors de la corruption, ô Seigneur mon Dieu. » Jon. 2, 7. Les Septante : « Et que ma vie monte hors de