Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/532

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je me suis souvenu du Seigneur. » Lorsque je n’avais aucun secours à attendre, le souvenir du Seigneur a été mon salut, conformément à ce qui est écrit : « Je me suis souvenu du Seigneur, et j’ai été rempli de joie. » Psa. 76, 4… « Je songeais aux jours anciens, et j’avais les années éternelles dans l’esprit. » Ibid. 6. Alors que j’étais sans espoir de salut, que dans le ventre de la baleine la fragilité de la chair ne me permettait plus aucun espoir de ne pas perdre la vie, ce qui semblait impossible, le souvenir du Seigneur l’a réalisé. Je me voyais enfermé dans le sein de ce monstre, et il n’y avait pas pour moi d’autre espérance que le Seigneur. D’où nous apprenons qu’au temps où, d’après les Septante, notre âme tombe en défaillance et se sépare violemment.de la charpente corporelle, nous devons tourner notre pensée uniquement vers Celui qui est Notre-Seigneur, que nous soyons dans le corps ou hors du corps. Ce texte s’applique sans difficulté au Sauveur, qui a dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ; » Mat. 26, 38 ;… « mon Père, si cela est possible, que ce calice passe loin de moi. » Ibid. 39… « Je remets mon esprit en vos mains ;» Luc. 23, 46 ; et d’autres paroles semblables.

« Afin que ma prière arrive jusqu’à vous, jusqu’à votre temple saint. » Jon. 2, 8. même traduction dans les Septante. Dans mon affliction, je me suis souvenu du Seigneur, afin que, du fond de la mer et des racines des montagnes, ma prière monte jusqu’au ciel, et arrive jusqu’à votre temple saint, où vous jouissez, ô mon Dieu, d’une éternelle béatitude ; il faut remarquer cette particularité d’une prière faite pour une autre prière : il prie pour que sa prière monte jusqu’au temple de Dieu. Il demande, comme pontife, que le peuple soit délivré en son corps.

« Ceux qui s’attachent inutilement à la vanité abandonnent la miséricorde qui les eût sauvés. » Jon. 2, 9. Les Septante : « Ceux qui s’attachent aux vanités et aux mensonges ont abandonné la miséricorde qui les eût sauvés. » Dieu est miséricordieux de sa nature et prêt à sauver, dans sa clémence, ceux que sa justice ne peut épargner ; et nous, par notre faute, nous perdons et abandonnons cette miséricorde toute prête et qui s’offre il nous d’elle-même. Le texte ne dit pas : « Ceux qui font des choses vaines », de peur que Dieu parût condamner tous les hommes, car il n’y a que vanité des vanités et tout est vanité, Ecc. 1, 2, et dé nier sa miséricorde à tout le genre humain ; il dit : Qui s’attachent aux vanités ou au mensonge, et qui leur ont donné toute l’affection de leur cœur ; qui ne se contentent, pas de faire ce qui est vain, mais s’en font les gardiens, comme d’un trésor qu’ils croient avoir trouvé et qu’ils aiment. Et voyez ici la grandeur d’âme du Prophète : au fond de la mer, enveloppé d’une nuit perpétuelle dans le ventre d’un colosse, au lieu de