Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/542

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tristesse est juste, pour ne pas contredire lui-même sa sentence. Il interroge celui-là même qui est dans l’irritation et dans la tristesse, afin qu’il expose les motifs de sa colère et de son chagrin, ou, s’il se tait, que son silence prouve la vérité du jugement de Dieu.

« Et Jonas sortit de la ville, et s’assit du côté de l’Orient ; là, il se fit une petite cabane de feuillage, et se reposa à l’ombre, attendant ce qui arriverait à la ville. » Jon. 4, 5. Même traduction dans les Septante : Caïn, fratricide et homicide, consacrant le monde souillé du sang de son frère, éleva le premier une ville et lui donna le nom de son fils Enoch. Gen. 4, 1. seqq. Aussi le prophète Osée dit-il : « Je suis Dieu et je ne suis pas un homme, je suis saint au milieu de vous, et je n’entrerai pas dans la ville ;» Ose. 11, 9 ; car, comme l’enseigne le Psalmiste, les issues de la mort appartiennent au Seigneur. Psa. 67, 1. seqq. C’est pourquoi l’une des villes de refuge des fugitifs est appelée Ramoth, ou vision de la mort. Et vraiment, quiconque est fugitif, et, à cause de ses péchés, indigne d’habiter Jérusalem, est habitant de la ville de la mort, au-delà du cours du Jourdain, qui veut dire descente. La colombe ou l’affligé sort donc d’une telle ville, et se fixe du côté de l’Orient, d’où vient le soleil ; là, il est dans sa tente, où il contemple le cours des temps, dans l’attente de ce qui arrivera à la ville. Avant que Ninive fût sauvée et que le lierre ne devint sec, avant que l’Évangile de Jésus-Christ brillât et que fût accomplie cette prophétie de Zacharie : « Voilà l’homme, et l’Orient est son nom », Zac. 6, 12, Jonas était sous son ombrage. C’est que n’était pas encore venue la vérité, dont l’Apôtre-Évangéliste a dit : « Dieu e st vérité. » 1 Jn. 4, 8. Le texte ajoute élégamment : « Là », près de Ninive, « il se fit une petite cabane de feuillage. » Il la fit pour lui seul, nul des Ninivites ne pouvant, en ce temps-là, habiter avec le Prophète ; et il était assis sous cet ombrage, ou dans l’attitude d’un juge, ou retiré dans sa majesté et les reins ceints dans sa force, afin que tout son vêtement ne tombât pas à ses pieds et vers nous, qui sommes au-dessous, et fussent retenus à lui par une étroite ceinture. Quant à ces mots : « Afin de voir ce qui arriverait à la ville », ils sont conformes à la coutume des Écritures, qui font parler Dieu selon le langage des hommes.

« Et le Seigneur Dieu fit naître un lierre, qui s’éleva sur la tête de Jonas, pour le couvrir de son ombre et le protéger, parce qu’il avait supporté des fatigues ; et Jonas eut une trè8 grande joie de l’ombrage de ce lierre. » Jon. 4, 6. Les Septante : « Le Seigneur Dieu ordonne à la citrouille, et elle s’éleva au-dessus de la tête de Jonas, de manière à former un ombrage au-dessus de lui, et le protéger contre ce qui pouvait l’incommoder ; et Jonas éprouva une grande joie à cause de cette citrouille. »