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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/201

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pense, ceux à qui Jean parle ainsi : « Quant à vous, vous avez reçu l’onction du Saint ; » [1] ; et un peu plus loin : « Voilà ce que j’ai cru devoir vous écrire touchant ceux qui vous séduisent. Que l’onction que vous avez reçue du Fils de Dieu demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne ; mais comme cette onction vous enseigne toutes choses et qu’elle est la vérité exempte de mensonge, vous n’avez qu’à demeurer dans ce qu’elle vous enseigne. » [2]. Et de peur qu’il n’arrive que ceux qui ont perdu l’onction du baptême, désespèrent de pouvoir réparer cette onction, il est écrit dans le Lévitique : Lorsque le lépreux qui avait été rejeté hors du camp sera venu trouver le prêtre, et après que sa lèpre aura été purifiée, que le prêtre verse de l’huile dans sa main gauche, et, y ayant trempé le doigt de sa main droite, qu’il en fasse sept fois les aspersions devant le Seigneur ; qu’il répande ensuite le reste sur l’extrémité de l’oreille droite de celui qui a été lépreux, et sur le pouce de sa main droite et de son pied droit, et enfin, tout ce qui reste encore de cette huile, sur la tête de cet homme. [3]. Après que le prêtre aura parfait toutes choses selon le rit, qu’il immole l’holocauste pour cet homme, et celui-ci sera appelé christ de Dieu. J’ai hésité jusqu’ici à dire autre chose, dans la crainte d’être une occasion de chute pour les négligents : c’est que, dans les Écritures saintes, il est rapporté qu’un même homme a reçu plusieurs onctions. Ainsi David fut oint trois fois. [4]. Gardons-nous d’appliquer cela à celui qui a péché et qui est oint une seconde fois : c’est assez pour le lépreux, qu’ayant perdu la première onction, il puisse être oint une seconde fois ; appliquons cette particularité à celui qui progresse de jour en jour, dont l’onction augmente sans cesse, et qui passe de l’huile du lépreux à celle du peuple des saints, de l’huile du peuple à celle des prêtres, de l’huile des prêtres au chrême du pontife, du chrême du pontife à l’onction royale, de Fonction royale à celle des patriarches, et du rang des patriarches se hâte de monter jusqu’à Jésus-Christ, pour être oint de l’huile de joie, [5], parce que celui qui a reçu cette onction devient avec Dieu un seul et même esprit, et il est là où est le Père et le Fils. Mais ce terme est rarement atteint, et il est l’idéal des vœux du fidèle. Je ne sais même s’il est possible d’y atteindre, puisqu’il est écrit : « Dieu vous a oint, ô Dieu, de l’huile de joie d’une manière plus excellente que ceux qui y ont part avec vous », c’est-à-dire d’une huile que ceux qui y ont part avec vous ne pourront trouver que rarement, ou peut-être jamais.

Voilà donc pour le salut de quels christs Dieu est sorti de son lieu, suivant l’expression de Michée : « Dieu sortira de son lieu pour sauver. » [6]. Comme ceux qui avaient besoin de salut n’ont point voulu entrer chez lui, il est sorti lui-même de sa majesté et de son lieu, afin de conduire ceux qui étaient dehors dans

  1. 1Jn. 2, 20
  2. Ibid, 26-27
  3. Lev. 14, 1
  4. 1Ro. 5, 12, 1
  5. Psa. 44, 8
  6. Mic. 1, 3