Aller au contenu

Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

accorde la liberté de discussion. Mon peuple, que, vous ai-je fait que je ne devais point faire ? « ou en quoi vous ai-je contristé ? » – Le texte hébreu ne porte pas ces derniers mots. – Un père contriste son enfant en le châtiant, et le bon pasteur visite avec la verge les iniquités de ses brebis. En quoi vous ai-je donné sujet de vous plaindre, ou, selon l’expression plus significative de l’hébreu, de quel travail vous ai-je accablé ? P rendriez-vous mes bienfaits pour une injure, et, soupirant après les melons et les viandes d’Égypte, regretteriez-vous que je vous aie tiré de cette terre, que mon secours vous ait tiré d’une maison d’esclavage, puisque je vous donnais pour, vous conduire Moïse, mon ami, Aaron, mon prêtre, et Marie, ma prophétesse ? Si cela vous semble peu, souvenez-vous du temps où Balac, roi de Moab, loua contre vous, à prix d’argent, le devin Balaam, et voyez comment ce magicien vous bénit contre sa volonté, quand il désirait vous maudire, Nom. 22, 1 ss, alors que, de Settim à Galgal, il parcourut des yeux toute l’armée d’Israël, et qu’il changea trois fois de lieu, comme si je n’avais pu le suivre dans sa marche et passer avec lui d’un lieu à un autre ; tout cela, je l’ai fait, afin que ma miséricorde et ma justice vous fussent connues, mon amour pour vous allant jusque-là que, pendant que je suis maudit chaque jour par la bouche des blasphémateurs, je n’ai pas permis qu’un ennemi vous maudît. Voici comment les Hébreux exposent ces mots : « De Settim jusqu’à Galgal, afin que vous connaissiez la justice du Seigneur », Nom. 25, 1. Depuis le temps où vous êtes tombés dans la fornication, chez les Madianites, jusqu’au temps où Saül fut sacré roi à Galgal, 1 Sa. 10, 1 ss récapitulez en votre mémoire le mal que vous avez fait et les nombreux bienfaits dont je vous ai comblés, et vous reconnaîtrez ma miséricorde envers vous. Voilà, pour le sens littéral, le langage adressé par Dieu à Israël selon la chair.
Pour nous, qui désirons contempler sans voile sur la face la gloire du Seigneur, et qui avons véritablement Abraham pour père, écoutons Dieu discuter contre nous quand nous avons péché, et nous incriminer en raison de la grandeur de ses bienfaits. Nous servions autrefois Pharaon et nous pétrissions la boue et la brique pour le peuple égyptien, et le Seigneur nous a rachetés, lui qui s’est donné lui-même comme rançon de tous, afin qu’étant rachetés par lui, délivrés de la main des ennemis et rassemblés des régions lointaines, nous chantions que « sa miséricorde est éternelle. » Psa. 106, 1 ss a aussi envoyé devant nous Moïse, la loi spirituelle, et Aaron, le