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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/79

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des temps périlleux ; car il y aura des hommes amoureux d’eux-mêmes, avares, glorieux, superbes, médisants, désobéissants à leurs parents, ingrats, impies, dénaturés, ennemis de la paix, calomniateurs, intempérants, inhumains, sans affection pour les gens de bien, traîtres, insolents, enflés d’orgueil, et plus amateurs de la volupté que de Dieu, etc. » 2 Ti. 3, 1-4. Alors le frère livrera le frère, et le père son fils, et la mère sa fille, et les ennemis de l’homme seront les gens de sa maison. Mat. 10, 35-36. Maintenant même la bonne foi est rare ; comme on a une chose sur les lèvres et une autre dans le cœur, le miel de la langue cache le poison de la pensée. Les riches ont de nombreux amis, et du pauvre s’éloignent même ceux qui le sont comme lui. De là cette maxime : « Si vous voulez faire un ami, prenez-le après l’avoir éprouvé. » Sir. 6, 7. J’ai lu dans une controverse cet aphorisme : « Un ami se cherche longtemps, se trouve avec peine et se conserve difficilement. » Théophraste, qui a écrit trois volumes sur l’amitié, la met au-dessus de tout sentiment de charité, et avoue toutefois qu’elle est rare parmi les hommes. Cicéron aussi a fait un livre, sur l’amitié, dédié à Lélins, dans lequel ce qui est prescrit dans nos Écritures : Qu’un ami soit pour nous comme un vin vieux, et buvons-le à petits traits, se trouve presque mot à mot. L’amitié reçoit ou rend égaux les hommes ; dès qu’il y a inégalité, prééminence de l’un et sujétion de l’autre, il y a moins l’amitié que la flatterie. De là cet autre aphorisme : « Qu’un ami soit une même âme avec nous ; » et ce que dit le poète lyrique implorant le ciel pour son ami : « Daigne conserver cette moitié de mon âme. » Horat. Gardez-vous donc de vous fier à ces hommes qui visent à leurs gains par les amitiés. Si vous voulez goûter une amitié véritable, soyez l’ami de Dieu, tel qu’était Moïse qui parlait à Dieu comme un ami à un ami ; Exo. 33, 11 ; tels que l’étaient les Apôtres, à qui le Sauveur disait : « Je ne vous donnerai plus le nom de serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître, mais je vous appellerai mes amis, parce que vous avez persévéré avec moi dans toutes ines épreuves. » Jn. 15, 15. L’amitié qui s’attache aux prospérités et aux richesses des amis est peu sûre. Les hommes de cette sorte ne me paraissent pas être des amis, mais des amoureux d’eux-mêmes. Étudions de plus près les paroles de notre Seigneur : « Mais je vous dirai mes amis ; » et il donne les motifs pour lesquels il leur donnera ce nom : « Parce que vous avez persévéré avec moi dans l’épreuve », et là il va plus loin, il insiste : « Dans toutes mes épreuves ; » car il arrive parfois que celui qui a persévéré avec nous dans une épreuve, soit vaincu par d’autres et se retire.
Le second précepte est celui-ci : Ne mettez pas votre espérance dans les chefs. « L’homme qui met son espérance dans un autre homme est maudit. » Jer. 17, 5. L’espérance en un