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ou grillées. « Il y a, dit-il, un autre genre de papas qui, planté dans des terrains plus chauds, fournit une sorte de mets nommé locro[1]. »

5. Le fait suivant a singulièrement contribué à faire croire pendant longtemps que la pomme de terre est due aux Anglais, et vient de leurs plus anciennes possessions d’Amérique. On lit en effet, dans presque tous les ouvrages sur l’économie rurale et la botanique, publiés au commencement de ce siècle, que la pomme de terre fut apportée vers la fin du seizième siècle, de la Virginie en Angleterre, par l’amiral sir Walther Raleigh, qui la présenta à la reine Elisabeth, et que de l’Irlande, où l’on essaya d’abord sa culture, elle passa dans le Lancashire, pour s’étendre ensuite dans le reste de l’Europe.

Il est vrai que sir Walther Raleigh avait voyagé en Virginie dès l’an 1584, mais, suivant tous les historiens cités par Miller dans son Dictionnaire des jardiniers, il n’en rapporta des pommes de terre que l’année 1628, et en 1629 selon Parkinson. Tout semble donc prouver que le nord de l’Amérique a fourni d’abord ce précieux tubercule ; et si les Anglais ont pu en rapporter chez eux, il est démontré qu’avant cette époque, la pomme de terre était déjà très-répandue dans le midi de l’Europe, et qu’elle est un des plus riches présents de l’Amérique méridio-

  1. Histoire des Indes, Liv. 4, Chap. 17.