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nale, où les premiers conquérants espagnols la trouvèrent. Il parait d’ailleurs certain, si l’on en croit le récit des auteurs espagnols, que l’immense population de l’empire d’Atabalipa et d’Huescar son frère, qui comprenait tout le Pérou, la Nouvelle-Grenade, le royaume de Quito, et s’étendait jusqu’au Chili, au Tucuman, se nourrissait uniquement de maïs et de pommes de terre ou papas.

6. Introduite en Espagne après la conquête du Pérou, la pomme de terre fut transportée presque aussitôt en Italie. Il est en effet tout naturel d’admettre que des guerriers qui revenaient d’Amérique fussent employés aux armées d’Italie à cette époque, et qu’ils y portassent la pomme de terre. Le botaniste Charles l’Ecluses (Clusius}, d’Arras, qui publia, en 1631, une description très-exacte de cette racine, et appela sur elle l’attention des cultivateurs, comme devant offrir, un jour, une grande ressource à l’humanité, disait que ce tubercule était devenu si commun en quelques contrées d’Italie, qu’on en mangeait déjà habituellement avec de la chair de mouton, et qu’on en engraissait les porcs[1]. La plupart des Italiens ne savaient pas d’où venait cette plante, mais, ajoute l’Ecluses, il est certain qu’ils la tiennent des Espagnols et de l’Amérique. Toutefois le même botaniste est en doute si les anciens l’ont connue, et il pense

  1. Rarior. Plant. Antw.