Page:Joseph Bonjean - Monographie de la pomme de terre, 1846.djvu/22

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détruire cette fausse idée, que l'usage de la pomme de terre était pernicieux et causait des maladies graves, et que sa culture avait pour résultat d'appauvrir le terrain fatigué par la production de ce tubercule? « L'influence, dit-il, des préjugés et de la routine sur l'opinion des habitants de la campagne, ne doit pas faire abandonner le projet de les instruire, quand on s'intéresse à leur bonheur. Dans la multitude innombrable des plantes qui couvrent la surface sèche et la surface humide du globe, il n'en est point, en effet, après le froment, l'orge et le riz, de plus digne de nos soins et de nos hommages que celle de la pomme de terre, sous quelque point de vue qu'on l'envisage. Elle prospère dans les deux continents ; sa récolte ne manque presque jamais ; elle ne craint aucun des accidents qui anéantissent en un clin d'œil le produit de nos moissons : c'est bien, de toutes les productions des deux Indes, celle dont l'Europe doit bénir le plus l'acquisition. Quand on réfléchit que la plus grande fertilité du sol et l'industrie du cultivateur ne sauraient mettre le meilleur pays à l'abri de la famine, et que les pommes de terre, qui se développent avec sûreté dans l'intérieur du sol, peuvent devenir un remède contre la disette accidentelle des grains que la gelée, les orages, la grêle et les vents ravagent à la surface, et donner, sans aucun apprêt, une nourriture aussi simple que commode,