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Page:Joseph Bonjean - Monographie de la pomme de terre, 1846.djvu/23

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on a droit d'être étonné, formalisé même, de l'indifférence qui règne encore... Un jour viendra, et il n'est pas éloigné, qu'après avoir été avilie, calomniée, la plante acquerra l'estime générale, et occupera la place de productions incertaines, dont le résultat, estimé au plus haut degré, n'a jamais compensé les frais et les soins qu'elles ont coûtés. »

12. Les prévisions de l'habile agronome de Montdidier se sont réalisées. La pomme de terre a pris rang aujourd'hui, non-seulement parmi les aliments les plus nourrissants, les plus précieux pour la classe pauvre, mais encore parmi les plantes les plus utiles en tout point. « Nul doute, dit M. Virey[1], que si les guerres sanglantes de la révolution française, les intempéries des saisons récemment éprouvées, se fussent présentées quelques siècles plus tôt, l'Europe eût vu ses nations décimées par d'horribles disettes. Qui a donc écarté une grande partie de ces fléaux ? uniquement la pomme de terre, qui est, comme une moisson souterraine, préservée par la nature contre les tempêtes et les calamités du ciel. — Ainsi, multiplier les subsistances, c'est multiplier la matière vivante, les hommes, les bestiaux ; c'est doubler en force chaque état, en rendant son sol plus productif ; et il est évident qu'en peu de

  1. Journal de Pharmacie, Tome 1, p. 157.