Page:Joseph Bonjean - Monographie de la pomme de terre, 1846.djvu/39

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et les façons d'ameublissement qui doivent profiter à toute une rotation, on la place au hasard sur des terres à peine labourées, et que souvent l'on ne fume même pas : ici, sur un défrichement tout couvert de mottes et de gazons ; là, sur un trèfle rompu ; quelquefois encore après un blé mal fumé, comme préparation, sans nouvel engrais, à une céréale de printemps ; et plus souvent, enfin, après deux céréales qui ont complètement épuisé et sali le sol, comme récolte jachère faite sur un seul mauvais labour, en planches bombées, qui ne laissent point assez de terre végétale sur leur épaulement, et qu'en tout cas on se garde bien de fumer.

Quelques agriculteurs ont attribué aux pommes de terre une très grande propriété épuisante. Schwertz les met dans la catégorie des plantes qui appauvrissent le sol ; Thaer est de cette opinion. Parmentier et Victor Yvart sont d'un sentiment opposé, qu'ils étayent par le raisonnement et les faits.

Entre des opinions si diverses, écoutons celles d'un auteur qui était placé à même de distinguer les causes de ces contradictions apparentes : « La meilleure récolte de pommes de terre, dit-il, n'épuise pas plus la matière organique assimilable aux plantes, que la plus riche production de froment, de seigle, d'orge ou d'avoine. Si on donne un libre accès à l'humidité, la récolte la plus abondante de pommes de terre épuise moins le vieil humus que les céréales, et, sur une fumure fraîche,