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geaient fréquemment à se pourvoir auprès du roi. Et plus souvent encore elle avait à demander au pape la confirmation ou l’explication de telle bulle dont, volontairement ou non, des autorités rivales méconnaissaient le sens. Au surplus, le pape était, on le verra, juge en dernier ressort des causes qui l’intéressaient. De là des députations nombreuses à Rome ou à Paris. D’ordinaire, le Collège déléguait quelqu’un de ses membres à l’effet de poursuivre les démarches nécessaires[1]. Mais s’il fallait plaider, le ministère d’avocats romains ou parisiens devenait indispensable[2] et l’on devine que députations et plaidoiries finissaient par coûter cher à l’Université pour des procès, qui, parfois, duraient vingt ans[3].

L’Université se préoccupait aussi de s’assurer en cour de Rome des appuis solides, sinon désintéressés. Elle y eut, à diverses époques, sous le nom de protecteurs, des sortes de patrons, choisis parmi les plus hauts personnages de la curie. M. d’Argenvilliers qualifié quelque part « le premier avocat de son siècle[4] » et honoré bientôt de la pourpre, l’ancien vice-légat Salviati, devenu aussi cardinal, daignèrent accepter, au xviiie siècle, la « protectorie » de l’Université avignonnaise[5]. Les docteurs mirent encore plusieurs fois à contribu-

  1. 14 mars 1650. Envoi à Rome de M. de Royère. Coût : mille écus (A. V. D 30, fo 17) ; de M. de Tulle auquel on attribue 40 pistoles pour le voyage et 10 pistoles par mois (1683-85) ; de M. Genet, archidiacre de Vaison (10 mars 1705), de M. de Teste, en 1745, etc., etc. A. V. D 30, fo 27 ; D 31, fos 155 et 274 ; D 32, fo 181. Délégation à Paris de MM. Blauvac en 1650, Payen en 1673, l’abbé Guyon en 1685, de Laurens en 1663, etc. Le primicier est aussi parfois délégué. A. V. D 29, fo 72.
  2. A. V. D 32, fo 22, 27 et 181 ; D 34, fo 7.
  3. A. V. D 30, fo 27, 283 ; D 31, fo 172 ; D 32, fo 23 et 87.
  4. A. V. D 34, fo 7. Il avait été chargé de plaider pour l’Université d’Avignon dans l’affaire de la juridiction des conservateurs.
  5. Délib. du Coll. des doct. du 17 juin 1784. Le primicier expose que l’Université avait autrefois un protecteur en cour de Rome en M. d’Argenvilliers et l’on se félicitait des bons effets de cette protection. Il est surpris que depuis