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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


la fenêtre, « presque debout, les genoux légèrement pliés, les pieds traînant à terre, une ficelle autour du cou[1] ». C’était « un petit bout de corde que le précédent locataire avait laissée dans le tiroir de la table de nuit[2] ».

La Bretonne déclara que « son amant ne lui avait jamais dit ou laissé entendre qu’il fût las de la vie[3] ».

La porte, quand le serrurier l’ouvrit, était fermée à double tour, la clef à l’intérieur. La chambre (très petite, sans cheminée) était de plain pied avec la cour ; une seule porte, celle qu’il avait fallu forcer, sur la cour ; à côté, une seule fenêtre, celle où l’homme était suspendu.

On alla quérir le commissaire qui, après avoir constaté la mort, fit dépendre la cadavre et le porta sur le lit. Il trouva, dans l’une de ses poches, quatre-vingt-cinq centimes et, dans une autre, un petit portefeuille avec une carte de visite, la note du général Raison et la lettre signée H, relative à la prétendue convocation chez Bertulus[4].

  1. Récit, à Racot, rédacteur à l’Aurore : » Aussitôt la poile ouverte, j’eus le pressentiment d’un malheur. Je tournai les yeux vers la fenêtre. Lucien était là, presque debout…, etc. » (8 mars 1898.) Au commissaire de police, elle dit seulement : « Nous trouvâmes mon ami pendu à la crémone de la fenêtre et ne donnant plus signe de vie. » (3 mars.) De même, à l’instruction Bertulus, le 5. — Mêmes dépositions de la femme Nolot et de son mari.
  2. Récit de Léontine Le Bonniec à un rédacteur de la Libre Parole (8 mars).
  3. Écho de Paris du 9. Elle dit cependant au rédacteur de l’Écho « qu’elle ne croyait pas à un assassinat » et à un rédacteur de la Libre Parole : « On n’a pas pu le suicider. » — Au commissaire de police et à Bertulus, elle dit seulement que « rien dans ses allures n’avait pu lui laisser supposer qu’il avait l’intention de se suicider ».
  4. Voir p. 334, — Rapport du commissaire Didier-Guillaud, sept heures du soir : « Nous avons trouvé pendu à la crémone de la fenêtre un individu, âgé d’environ trente-cinq ans, correctement