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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


résolus à défendre énergiquement contre toute tentative d’empiétement l’indépendance de la société laïque et la suprématie du pouvoir civil[1]. »

Les nationalistes n’en accueillirent pas moins bien le nouveau cabinet. Et ils dirent pourquoi, Drumont dans son journal[2], Déroulède à la tribune : « Parce que Cavaignac était ministre de la Guerre, et que c’était une garantie que l’honneur de l’armée, l’honneur du pays seraient sauvegardés[3]. »

Cavaignac protesta modestement que Brisson pensait comme lui « sur les grands intérêts nationaux dont il avait la garde » et que, sur le reste, il pensait comme Brisson.

VII

Billot, avant de quitter le ministère de la Guerre, avait cru trouver l’occasion de rentrer en grâce auprès de Drumont.

On a vu que les amis d’Esterhazy demandaient, depuis six mois, que je fusse révoqué de mon grade dans l’armée territoriale[4]. Billot objectait seulement que j’étais député. Dès que mon mandat fut expiré, le premier article que j’écrivis lui fut signifié avec une mise en demeure de Castelin ; il me déféra aussitôt à un con-

  1. Séance du 30 juin 1898.
  2. Libre Parole du 29 : « Le Président du Conseil est une quantité négligeable, un mannequin sur lequel s’assoiera Cavaignac. » — De même le Gaulois, l’Intransigeant, la Patrie, les Croix, etc.
  3. 30 juin. — L’ordre du jour de confiance fut voté par 316 voix (dont Déroulède et Drumont) contre 203.
  4. Voir p. 219.