que la plus haute justice civile eût déclaré « l’inexistence » des aveux, accorder aux soldats que tout était à reprendre à pied d’œuvre devant leur justice et qu’elle seule comptait.
Aussi bien Carrière ne déféra-t-il lui-même qu’à la lettre des instructions de Galliffet. S’il écarte Lebrun-Renaud de sa liste de témoins, il y inscrit Risbourg, qui ne sait rien que ce qui lui a été raconté par Lebrun[1], et tant qu’il peut, il multiplie les citations, mais contre Dreyfus, pour bien marquer son opinion préconçue[2]. Il n’a rien à demander à Hartmann ou à Forzinetti, à Freystætter ou à Trarieux, ni au général Sebert, à Painlevé ou à Ducros, mais il convoque tous les témoins à charge qui ont déposé devant la Cour de cassation, et, en plus, le général Lebelin de Dionne, le colonel Maurel, ceux des officiers de 1894 qui ont accusé Dreyfus d’indiscrétions suspectes, un capitaine Valério qui a perfectionné les théories de Bertillon, le soldat Savignaud, le concierge Capiaux et la veuve d’Henry[3].
Cette liste comprenait soixante-dix noms ; celle de la défense en compta une vingtaine[4], Lebrun-Renaud en tête, puis Scheurer, ceux des témoins à décharge devant la Chambre criminelle que Carrière avait écartés, et les deux journalistes Deffès et Basset qui avaient recueilli, à Londres, les aveux d’Esterhazy. Labori eût voulu citer également le marquis de Val-Carlos[5] dont la dramatique évocation par Henry avait remué le premier conseil de guerre, et je conseillai d’appeler non seulement Freys-