Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
460
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


S’il n’est pas démontré que Cernuski ait connu Przyborowski, il n’y a, par contre, aucun doute sur ses relations avec Brücker, dès 1896, et, par lui, avec le service des renseignements. L’un de ses mensonges familiers consistait à raconter qu’il avait noué, de Prague, un complot pour une révolution à Belgrade, et qu’il était à la veille de réussir quand un des conjurés, Hofmann, le dénonça au gouvernement autrichien, ami et allié des Obrénovitch. Il n’avait échappé à la prison que par la fuite. Pour Hofmann, il habitait maintenant Paris et s’était fait espion. Cette histoire étant venue aux oreilles de Brücker, à qui Hofmann était signalé, d’autre part, « comme allant fréquemment à l’ambassade de son pays », l’ami de la Bastian se rendit chez le prétendu descendant des rois serbes[1] ; celui-ci lui dit aussitôt qu’il était sur la bonne piste et que son délateur, bien que « fort riche », était en effet à la solde de l’Allemagne, mais sans en donner « aucune preuve[2] ». Brücker en fit un rapport à Henry[3].

Hofmann, négociant très estimé, n’avait d’autre tort

    de tout. Cependant, mon mari vaut mieux que l’autre ». » — Przyborowski : « Wessel est capable de tout. »

  1. Cernuski place cette visite « vers la fin de mai 1896 » (Rennes, III, 314), ce qui est exact, ainsi que cela résulte de la date même du rapport de Brücker qui a été retrouvé en 1904. (Voir p. 488.) Brücker dit faussement que ce fut « tout de suite après le mariage de Cernuski, 9 novembre 1894. » (Procès Dautriche. 633, et dép. du 4 juin 1904 devant Atthalin, à l’enquête de la Cour de cassation.)
  2. Déposition Brücker.
  3. Ibid. : « J’ai fait un rapport ; il n’a pas été peut-être conservé. » — Lettre de Cernuski à Jouaust : « Ce récit (celui qu’il aurait fait à Brücker) donna lieu à un procès-verbal signé de cet agent et de moi. Ce document doit exister au ministère de la Guerre. Je prie M. le Président de le faire rechercher. » (Rennes, III, 314.)