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RENNES


Karl et que son visiteur, cette fois, lui donnait des preuves : « la photographie de l’officier prussien qui avait contribué à l’éclairer » et « le nom d’un officier supérieur français », à qui Cernuski s’était précédemment ouvert et qui l’avait précisément adressé à l’ancien magistrat, comme « à un convaincu et un indépendant[1] ». Il fit donc une place d’honneur dans son dossier au récit du prince serbe, lui promit de ne jamais dire le nom de l’officier français, ne lui demanda pas celui de l’officier prussien et l’assura de la reconnaissance des bons citoyens. Entre temps, il avait reçu la visite de Mme Cernuski, toujours très ardente, bien qu’effrayée à l’idée d’être expulsée[2], et celle de deux négociants qui avaient été honorés de la même confidence, mais qui étaient d’avis différent, l’un « vivement frappé », l’autre sceptique[3]. Enfin, après que Jouaust eût refusé, en juillet, de faire usage de son dossier[4], il décida Mme Cernuski à lui écrire pour le conjurer de faire appeler son mari à Rennes. (15 août.)

Les choses en étaient là, l’héritier des Lazaréwitch se débattant contre sa propre imposture, la petite-fille du maréchal Sérurier et l’ancien procureur général l’excitant à faire son devoir, quand Przyborowski rencontra le capitaine Mareschal qui rentrait de Suisse où il était allé avec le commandant Rollin[5].

  1. Écho du 3 juin 1900.
  2. « Madame, lui dit-il, avec la bande qui est au pouvoir, vous avez tout à craindre, mais cela ne saurait durer, et, d’ailleurs, il ne faut pas songer à cela, mais au devoir… Si les amis de Dreyfus vous font partir, mes amis à moi, un peu plus tard, vous feront rentrer. »
  3. Procès Dautriche, 661, Montéran : « Frappé de l’importance et de l’intérêt… » ; 666, Deglas : « Je n’étais pas du même avis. »
  4. Voir p. 226.
  5. Voir p. 471, note 2.