Dreyfus, sans que Mercier ait tremblé pour la paix. Quelle force d’explosion, est dans Canaille de D… qui n’est point dans l’autre pièce volée ?
Non seulement il dissimule les pièces à l’accusé, mais il laisse le Président de la République et ses collègues du ministère dans l’ignorance de son dessein. S’il montre à Casimir-Perier et à Hanotaux, pour les rassurer, l’une des pièces secrètes[1], il leur tait l’usage qu’il en va faire. Pourquoi a-t-il plus confiance en sept officiers du conseil de guerre qu’en sept ministres, en Sandherr, qu’en Hanotaux, en Du Paty qu’en Dupuy, en Henry qu’en Casimir-Perier ?
« Devions-nous désirer la guerre » ? demande Mercier[2]. Et il montre l’Allemagne ayant avancé la transformation de ses canons à tir rapide, quand la nôtre était à peine commencée, notre plan de mobilisation en pleine transformation, l’avènement d’un nouveau tsar dont les dispositions étaient incertaines : ratifiera-t-il la convention militaire conclue par son père ? la Russie marchera-t-elle ? enfin, devant l’Europe, la misère des mobiles qui auraient amené la guerre, « qui ne nous mettraient pas dans une situation avantageuse. » Pour prouver que ces craintes n’étaient pas vaines, Mercier raconte toute une scène tragique, un ultimatum de l’Allemagne, et les ordres de mobilisation prêts à partir[3]. Or, il place lui-même, au 6 janvier[4], quinze jours après le procès, cette nuit historique qu’il invente[5].
Mais les pièces secrètes, et bien d’autres ont été publiées depuis, lues par des ministres à la tribune,