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zéle a l’agriculture, non pour faire leur nourriture des grains qu’ils récoltent (ils ne sont pas encore parvenus à ce degré de civilisation), mais, pour les expédier par un petit port qu’ils possèdent sur la mer d’Azow, et recevoir en échange d’autres objets qui leur sont nécessaires. Le premier moyen dont M. le duc de Richelieu se servit pour fixer ces Nomades, fut de faire construire une mosquée, au milieu d’une vallée : les Nogais, conduits par un sentiment religieux, vinrent d’abord camper autour de cette mosquée ; quelques-uns essayèrent d’y bâtir des cabanes, qui bientôt furent transformées en maisons plus commodes. Peu à peu leur nombre augmenta ; d’autres villages s’établirent ailleurs, et quelques années de persévérance, en s’employant que la douceur et la persuasion, et jamais la force, suffirent pour faire adopter des demeures fixes à tout ce peuple, essentiellement vagabond et pasteur, et pour le rendre agricole et commerçant. C’est ainsi que s’opéra insensiblement une des plus grandes révolutions dont un peuple sauvage ait jamais donné l’exemple dans un si court intervalle de tems, et que furent fixées les dernières tribus nomades de l’Europe[1].

Une peuplade, plus civilisée et bien plus intéressante, attirait les soins particuliers de M. le duc de Richelieu. Je veux parier des cpsaqnes de la mer Noire, reste de ces Zaporogues qui autrefois avaient rendu leur

  1. M. le duc de Richelieu se servît d’un Français, M. le comte de Maisons, pour opérer cotte surprenante métamorphose.