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vastes provinces qui lui étaient confiées. Il entrait dans les chaumières pour s’informer des affaires et des besoins des cultivateurs, à quel que nation qu’ils appartinssent : chacun pouvait l’aborder à toute heure du jour ; il accueillait tout le monde avec bonté, écoutait avec attention, et avait toujours quelque chose de gracieux à dire : aussi est-il peu d’administrateurs qui se soient fait adorer du peuple autant que M. le duc de Richelieu. Ces demi-sauvages, ces tatars de la Tauride, qui, dans leur langage barbare, pouvaient à peine prononcer son nom, lui étaient attachés comme à leur père ; depuis qu’il les a quittés/ils n’ont pas cessé de le regretter, et leur unique désir était de revoir un jour leur ancien gouverneur.

Dans ces années désastreuses où la peste étendait ses ravages dans plusieurs endroits du gouvernement de Cherson, les soins de M. le duc de Richelieu ne se bornèrent pas à la seule ville d’Odessa. Dès qu’il vit que le fléau commençait à diminuer dans cette ville, il la quitta pour visiter tous les endroits atteints du mal, et faire par lui-même toutes les dispositions nécessaires pour sauver les malheureux. L’expérience qu’il avait acquise à Odessa, lui servit beaucoup pour combattre le mal partout où il éclatait : mais cette perfide maladie semblait vouloir lasser son zèle, et le tint, pendant toute l’année 1813, dans des alarmes continuelles. Au mois de juin de cette année, par un tems des plus chauds, et par conséquent des plus propres au développement et aux progrès de la peste, ce fléau se manifesta à Élisabethgrad, ville qui contient