Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant Dhérar et ses compagnons sont présentés à Héraclius. On leur ordonne de se prosterner devant le roi ; ils refusent d’obéir. L’envoyé de Dieu, dit Dhérar, nous défend de nous prosterner devant les créatures. Une dispute théologique s’élève entre Héraclius et Dhérar. Mécontent des discours hardis du guerrier musulman ; et, de plus, excité à la vengeance par ceux qui l’entourent, le roi donne ordre que l’on fasse périr, sur le champ, Dhérar par le glaive. Il reçoit quatorze coups de sabre, dont aucun, dit l’historien, ne fut mortel, Dieu voulant le sauver des mains de ses ennemis, pour qu’il continuât à défendre son envoyé. Le roi ayant commandé qu’on lui coupât la langue, Jokana, chrétien qui s’était fait musulman, et qui, pour mieux réussir dans ses desseins, feignait de rester dévoué aux Grecs, engage Héraclius à ne point maltraiter ainsi Dhérar, et le supplie de le lui abandonner, ajoutant que si le lendemain il respirait encore, il le conduirait, dès le matin, à la porte de la ville, et que là il lui trancherait la tête, châtiment qui affaiblirait considérablement les Arabes. Le roi approuve ce conseil. Aussitôt Jokana, aidé de son fils qui faisait partie des deux cents cavaliers commandés par Dhérar, conduit ce héros dans sa maison. On panse toutes ses blessures, et on lui donne tous les secours nécessaires. Dhérar recouvre enfin l’usage du sentiment. Convaincu que Jokana était demeuré fidèle à l’Islamisme, il le remercie, ainsi que son fils, de leurs généreux soins, et s’entretient quelque tems avec eux des objets de