Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/244

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ravar se prosterne, et s’écrie : Ô déesse, que votre courroux s’apaise, que le grand roi Soubhraka soit triomphant, et agréez cette victime ! Il dit, et son fer a tranché la tête de son fils. Ô prince, se dit alors Viravar, me voilà sans doute acquitté envers vous ! Mais le malheureux père, réduit désormais à vivre privé d’un fils, s’immole aussi lui-même, et sa femme, qui vient de perdre à la fois et un fils et un époux, imite son exemple.

Cependant le roi voyait et entendait tout, il se dit : Que de princes, comme moi, vivent et meurent sans avoir rien fait pour la gloire ! Mais est-il dans le monde, existera-t-il jamais un homme tel que celui-ci ? Eh ! ne puis-je moi-même servir mon royaume en me sacrifiant ? Il tirait son épée pour se frapper. La Fortune lui retient le bras et lui dit : Ô mon fils, je suis satisfaite, et ton royaume désormais est à l’abri de la tempête. Le prince tombe à genoux, il s’écrie : Ô déesse, ne m’est-il point donné d’être utile à mon empire ? si c’est moi qui suis menacé, voilà ma tête. Faites que ce noble guerrier puisse revivre avec son fils et sa femme, ou bien je consomme le sacrifice que vous venez d’arrêter. La déesse lui dit : ton bon naturel et ton amour pour tes sujets m’ont touchée. Vas et sois heureux. Que le fils du guerrier, que lui-même avec sa femme recouvrent la vie. À ces mots la déesse disparait ; et le roi, après l’avoir adorée, se retire sans être aperçu. Il rentre dans son palais et va se livrer au repos, tandis que Viravar avec sa famille retourna dans sa maison. Il vient ensuite reprendre