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(Novembre 1822.)
JOURNAL ASIATIQUE.

SUR L’ORIGINE DU PAPIER-MONNAIE ;

Par M. Klaproth.

Le célèbre voyageur Marc-Paul de Venise, est le premier qui ait fait connaître en Europe l’existence du papier-monnaie dont les Mongols, maîtres de la Chine, se servaient à cette époque.

Ces mêmes Mongols l’introduisirent postérieurement en Perse, où leurs assignats s’appelèrent djaou ou djaw, mot évidemment dérivé du Chinois tchhaò, qui désigne la même chose[1].

La circonstance que les Mongols, tant en Chine qu’en Perse, se servaient du papier-monnaie, a induit quelques auteurs à penser qu’ils en étaient les inventeurs ; et le célèbre Schloetzer, de Goettingue, a publié une dissertation sous ce titre : Les Mongols inventeurs du papier-monnaie dans le XIIIe. siècle[2]. Cependant ce savant eût pu éviter d’émettre une assertion

  1. Ce caractère est composé de kìn, métal, et chaò, peu, et il désigne le manque du métal (monnayé). Quand on le prononce tchhaò, il signifie prendre par force, voler, s’emparer du bien d’autrui.
  2. Schloetzer kritisch-historische Nebenstunden. Goettingen, 1797, in-8o ; page 159 et suiv.