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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/114

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Les armes qui, dans la précédente joute, devaient échoir à Griffon, vainqueur de tous ses adversaires, et que Martan avait usurpées en se faisant passer pour Griffon, avaient été suspendues, par ordre du roi, devant son estrade, avec l’épée richement ornée. La masse pendait à l’arçon du destrier. Tout cela devait être donné en prix à Griffon.

Mais ses intentions ne furent pas remplies, grâce à la magnanime guerrière qui venait d’arriver sur la place avec Astolphe et le brave Sansonnet.-Celle-ci, apercevant les armes dont je viens de vous parler, les reconnut aussitôt. Elles les avait en effet possédées jadis, et elle en faisait grand cas, comme d’une chose excellente et rare.

Cependant elle les avait un jour laissées sur la route, parce qu’elles l’empêchaient de courir après Brunel, ce larron digne de la corde, qui lui avait ravi sa bonne épée. Je ne crois pas avoir besoin de vous conter autrement cette histoire, et je me tais là-dessus ; qu’il vous suffise de savoir que Marphise venait de retrouver là ses armes.

Sachez aussi qu’une fois qu’elle les eut reconnues à des marques non douteuses, elle ne les aurait pas laissées un jour de plus sans les reprendre. Elle ne se préoccupe pas de chercher quel est le meilleur moyen de les ravoir ; mais elle s’en approche brusquement, étend la main, et sans plus de considération s’en empare.

La violence avec laquelle elle les a saisies en fait tomber une partie à terre, l’autre lui reste à la main. Le roi, qui se tient pour vivement offen-