Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/241

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comme des hommes de paille, avait emporté l’écu. À peine la lumière qui éblouit les yeux et anéantit les sens eut-elle disparu, que tous ceux qui gisaient comme morts se relevèrent remplis d’étonnement.

Pendant tout le jour, il ne fut question entre eux que de cette étrange aventure. Ils cherchaient à s’expliquer comment l’horrible lumière avait pu les terrasser tous. Sur ces entrefaites, on vient les avertir que Pinabel est mort, mais qu’on ne sait pas par qui il a été tué.

L’impétueuse Bradamante avait fini par atteindre Pinabel dans un étroit défilé. Elle lui avait plongé à cent reprises son épée dans le flanc et dans le cœur. Puis, après avoir purgé le monde de cette pourriture qui avait infecté tout le pays, elle avait tourné le dos au bois témoin de sa vengeance, emmenant avec elle le destrier que le félon lui avait autrefois dérobé.

Elle voulut retourner à l’endroit où elle avait laissé Roger, mais elle ne sut pas retrouver son chemin. Franchissant les vallons et les montagnes, elle chercha quasi par toute la contrée. La fortune cruelle ne lui permit pas de trouver la route qui l’eût conduite vers Roger. Que celui qui prend plaisir à mon histoire, attende l’autre chant pour en entendre la suite.