Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/249

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orne la selle et la bride du bon destrier ; puis elle choisit une de ses suivantes, fille de sa nourrice Callitréphie, et confidente de tous ses secrets.

Elle lui avait raconté mille fois combien l’image de Roger était empreinte dans son cœur ; elle avait exalté sa beauté, son courage, ses grâces au-dessus des dieux. Elle la fait venir près d’elle et lui dit : « Je ne puis choisir un meilleur messager pour une telle mission ; car je ne connais pas d’ambassadeur plus fidèle et plus prudent que toi, ma chère Hippalque. »

La donzelle s’appelait Hippalque. Bradamante lui apprend où elle doit se rendre ; elle l’informe pleinement de tout ce qu’elle aura à dire à son cher seigneur ; elle lui fera ses excuses de n’être point allée elle-même au monastère ; ce n’est pas qu’elle songe à renier sa promesse, mais elle en a été empêchée par la fortune plus forte que la volonté humaine.

Elle la fait monter sur une haquenée et lui met à la main la riche bride de Frontin. Elle lui dit que, s’il se trouve sur son chemin quelqu’un d’assez lâche ou d’assez insensé pour vouloir le lui enlever, elle n’a qu’à dire à qui appartient le destrier, car elle ne connaît pas de chevalier, quelque hardi qu’il soit, qui ne tremble au nom de Roger.

Elle la charge d’une foule d’autres recommandations pour Roger. Après les avoir attentivement écoutées, Hippalque se met en route sans plus de retard. Elle chevauche pendant plus de dix milles, à travers les chemins, les champs et les forêts