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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/256

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tique haine qui divise la maison de Mayence et celle de Clermont, et qui a causé à toutes deux tant de sang, tant de ruines et tant de hontes.

« Déliez ce chevalier, canaille, — crie le comte aux manants, — ou je vous extermine. » « Quel est celui-ci qui se vante de porter de tels coups ? — répond un des hommes d’armes qui veut payer d’assurance. — Si nous étions de cire ou de paille et que lui-même fût de feu, sa menace pourrait peut-être nous épouvanter. » Et il se précipite sur le paladin de France, qui abaisse sa lance contre lui.

Le Mayençais avait sur son dos la brillante armure enlevée pendant la nuit à Zerbin ; mais elle ne peut le défendre contre le coup terrible porté par le paladin et qui le frappe à la joue droite. Le casque n’est point entamé, car il est de fine trempe, mais le choc est si grand, que le malheureux a le cou rompu et tombe mort.

Roland poursuit sa course ; sans déranger sa lance, il en transperce un autre de part en part. Puis il la jette, tire Durandal et se précipite au plus épais de la troupe, à l’un, il fend la tête en deux ; à l’autre il la coupe net au ras du buste ; il perce la gorge à plusieurs autres ; en un clin d’œil, il en tue ou il en met en fuite plus de cent.

Plus du tiers est mort ; Roland chasse le reste ; il taille, il fend, il transperce, il déchire ; les malheureux jettent pour fuir tout ce qui les embarrasse : les écus, les épées, les épieux, les serpes ; les uns se dispersent au loin, les autres courent le