Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/26

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en eussent d’eux-mêmes grande envie, et qu’ils n’eussent pas besoin d’être stimulés ni excités — à laisser les combats aventureux de l’Orient, pour aller défendre la Sainte Église et l’empire romain, et à chercher la gloire parmi leurs compatriotes.

Griffon et Aquilant prirent chacun congé de leurs dames. Celles-ci, quelque douleur qu’elles eussent de ce départ, ne s’y opposèrent cependant pas. Astolphe se dirigea avec eux sur la droite, car ils avaient résolu, avant de retourner en France, d’aller saluer les lieux saints où Dieu s’était fait homme.

Ils auraient pu prendre à gauche où la route eût été plus agréable et plus facile, et ne pas s’éloigner des bords de la mer ; ils s’en allèrent pourtant par la droite, où le chemin était affreux et escarpé, mais qui les rapprochait de six journées de marche de la cité sainte de Palestine. On trouve à peine de l’herbe et de l’eau sur cette route ; on y manque de tout le reste.

De sorte que, avant de se mettre en route, ils s’approvisionnèrent de ce dont ils pouvaient avoir besoin, et chargèrent leur bagage sur les épaules du géant, qui aurait encore porté une tour. Après avoir parcouru un chemin âpre et sauvage, ils aperçurent, du haut d’une montagne, la terre sainte où le suprême Amour lava notre erreur avec son propre sang.

Ils trouvèrent à l’entrée de la ville un gentil jouvenceau qu’ils connaissaient déjà, Sansonnet de la Mecque, plus expérimenté qu’on ne l’est