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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/261

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que je porte, ont appartenu à Hector, mort il y déjà mille ans.

« L’épée seule manque à ces bonnes armes. Comment fut-elle dérobée, je ne saurais te le dire. Il paraît que le paladin la possède aujourd’hui, et c’est là ce qui lui donne une si grande audace. Je compte bien, si je puis me mesurer avec lui, lui faire rendre un bien mal acquis. Je le cherche aussi dans le but de venger mon père, le fameux Agrican.

« Roland lui donna traîtreusement la mort ; sans cela, je sais bien qu’il n’aurait pu le vaincre. » Le comte ne peut se taire davantage ; il s’écrie d’une voix forte : « Toi, et quiconque dit cela, en avez menti. Mais celui que tu cherches, le hasard l’a conduit vers toi. Je.suis Roland, et j’ai tué ton père en loyal combat. Voici l’épée que tu cherches aussi. Elle t’appartiendra si tu la mérites par ta vaillance.

« Bien qu’elle m’appartienne à bon droit, je consens à ce qu’elle soit le prix de notre lutte. Mais je ne veux pas que, dans ce combat, elle me serve plus qu’à toi. Je la suspends à cet arbre. Tu pourras la prendre librement, s’il advient que tu me tues ou que tu me fasses prisonnier. » Ainsi disant, il prend Durandal et la suspend à un arbre, au milieu du chemin.

Ils s’éloignent à une demi-portée de flèche, poussent leurs destriers.l’un contre 1’autre, en leur lâchant les.rênes, et se frappent tous deux, en pleine visière, d’un coup terrible. Les lances se