Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/270

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Cette faible espérance ranime un peu ses esprits et rafraîchit sa pensée. Il remonte sur Bride-d’Or. Déjà le soleil cède la place à sa sœur. Le paladin ne chevauche pas longtemps sans apercevoir la fumée s’échapper des toits, sans entendre aboyer les chiens et mugir les troupeaux. Il arrive dans un village où il se décide à loger.

Il descend nonchalamment de cheval et confie Bride-d’Or aux soins d’un garçon expérimenté. D’autres lui ôtent ses armes, d’autres détachent ses éperons d’or, un autre enfin va fourbir sa cuirasse. C’était justement la chaumière où l’on avait apporté Médor blessé, et où il eut si douce aventure. Roland ne songe qu’à dormir ; il ne demande pas à souper ; sa douleur le rassasie,.et il n’a pas besoin d’autre nourriture.

Plus il cherche le repos, plus sa peine le travaille. Il voit partout l’odieuse inscription ; les murailles, les portes, les fenêtres en sont couvertes ; il veut interroger son hôte, mais il retient ses questions, car il craint de rendre trop évidente, trop claire la vérité qu’il s’efforce de voiler, afin d’en moins souffrir.

Mais il ne lui sert de rien de ruser avec lui-même, car, sans qu’il ait rien demandé, il trouve qui lui en parle. Le pasteur, qui le voit accablé de tristesse, et qui voudrait le distraire, lui conte l’histoire des deux amants. C’était un récit qu’il faisait souvent à qui voulait l’entendre et que plusieurs avaient trouvé intéressant. Il commence, sans en être prié, a raconter à Roland