Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/286

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tu ailles, où que tu t’arrêtes. Enfin tu devras la défendre contre quiconque voudrait lui faire outrage.

« Je veux que, si elle te l’ordonne, tu livres combat à tous ceux qu’elle te désignera. Pendant ce temps, tu parcourras avec elle la France entière, de ville en ville. » Ainsi dit Zerbin. Le crime d’Odoric méritant la mort, c’était le placer devant une fosse profonde où il ne pourrait éviter de choir que par le plus grand des hasards.

La vieille a trahi tant de dames et tant de chevaliers, elle en a tant et tant outragé, que celui qui devra l’accompagner ne pourra rencontrer de chevalier errant sans avoir à soutenir une lutte. Ainsi, ils seront punis tous les deux : elle, de ses anciens forfaits ; lui, en étant obligé de prendre injustement sa défense. Il ne pourra rester ainsi longtemps sans recevoir la mort.

Zerbin exigea d’Odoric un serment solenne d’observer cette prescription, sous peine, dans le cas où il viendrait à y manquer, de ne plus obtenir la moindre pitié ni aucune merci s’il retombait en ses mains, et de subir une mort cruelle. Puis, se tournant vers Almon et Corrèbe, Zerbin fit délier Odoric.

Corrèbe, aidé d’Almon, délia le traître, mais sans se presser. L’un et l’autre regrettaient de voir échapper ainsi une vengeance après laquelle ils avaient longtemps soupiré. Enfin le félon partit en compagnie de la vieille maudite. On ne lit pas dans Turpin ce qu’il en advint ; mais j’ai