Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/73

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Mygdonie, la Lydie et tout ce riche pays que tant d’historiens ont rendu célèbre, ne sont pas trop éloignés pour que vous ne puissiez y aller, si cela vous plaît.

Et toi, grand Léon, sur lequel pèse le poids lourd des clefs du ciel, ne laisse pas l’Italie se plonger ainsi dans le sommeil, puisque tu as la main dans ses cheveux. Tu es le Pasteur, et Dieu t’a donné la houlette à porter ; il t’a nommé d’un nom redoutable, afin que tu rugisses, et que tu étendes les bras pour défendre le troupeau des loups.

Mais, d’une pensée à une autre, comment me suis-je laissé entraîner si loin du chemin que je suivais ? Je ne crois cependant pas m’en être tellement écarté que je ne sache le retrouver encore. Je disais donc qu’en Syrie on avait l’habitude de s’armer comme les Français de cette époque ; de sorte que la place de Damas resplendissait de chevaliers portant casques et cuirasses.

Du haut de leurs balcons, les belles dames jettent sur les jouteurs des fleurs jaunes et vermeilles, pendant que ceux-ci, au son des trompettes, font tourner et caracoler leurs chevaux. Chacun, qu’il monte bien ou mal, tient à se faire voir, et donne de l’éperon. Les uns sont applaudis, les autres prêtent à rire et se font huer par derrière.

Le prix de la joute consistait en une armure qui avait été donnée au roi quelques jours auparavant, et qu’un marchand revenant d’Arménie avait trouvée par hasard sur la route. Le roi avait