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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/82

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trompeuse Origile et son prétendu frère. Il ne les trouve plus ; il regarde, et ne voit plus ses armes ni ses vêtements ; alors le soupçon le prend, et ce soupçon s’augmente, quand il aperçoit à la place des siens les vêtements de son compagnon.

Survient l’hôte qui l’informe que depuis longtemps déjà Martan, revêtu de l’armure blanche, est rentré dans la ville, accompagné de la dame et du reste de l’escorte. Peu à peu Griffon s’aperçoit de la trame perfide qu’Amour lui a cachée jusqu’à ce jour ; à sa grande douleur, il reconnaît que Martan est l’amant d’Origile et non son frère.

Il se reproche maintenant, mais en vain, sa sottise. Après avoir appris la vérité de la bouche du pèlerin, il s’est laissé prendre aux belles paroles de celle qui l’avait déjà trahi si souvent. Il pouvait se venger, et il ne l’a pas su. Maintenant il veut punir le traître qui s’est enfui. En attendant, il est contraint, et cela lui coûtera cher, d’endosser les armes et de prendre le cheval de ce lâche.

Il eût mieux valu pour lui aller nu et sans armes, que mettre sur son dos cette cuirasse déshonorée, que passer à son bras l’écu honteux, et coiffer sa tête du casque aux insignes bafoués. Mais pour suivre l’impudente et son digne compagnon, sa raison est moins forte que sa colère. Il arrive à temps dans la ville, une heure avant la fin du jour.

Près de la porte par laquelle était rentré Griffon,