Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/83

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s’élève, à main gauche, un splendide château, plus remarquable par ses riches appartements et ses décorations, que disposé de façon à soutenir un siège. Le roi, les seigneurs et les principaux chevaliers de Syrie, en compagnie de nobles dames, s’y livraient, sur la terrasse royale, à un somptueux et joyeux festin.

La belle terrasse se prolongeait au delà du rempart, hors de la ville, et dominait tout le château. De ce point, on découvrait au loin la vaste campagne et les diverses routes qui la sillonnaient. Lorsque Griffon, couvert des armes de l’opprobre et de la lâcheté, arriva à la porte, il fut naturellement aperçu par le roi et toute la cour.

Et comme on le prenait pour celui dont il portait les insignes, les dames et les chevaliers se mirent à rire. Le vil Martan, comme quelqu’un qui est en grande faveur, était assis auprès du roi, ayant près de lui sa digne compagne. Norandin voulut savoir d’eux quel était ce couard qui avait si peu de souci de son honneur,

Qu’après une si triste et si honteuse lâcheté, il osait se présenter de nouveau, et si effrontément, devant eux. Il disait : « Ceci me paraît chose assez nouvelle que vous, guerrier aussi digne que courageux, ayez pour compagnon un homme qui ne trouverait pas son égal en lâcheté dans tous les pays du Levant. Vous l’avez fait sans doute pour faire mieux ressortir, par la comparaison, votre grande valeur.

« Mais, je vous jure bien par les dieux éternels,