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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/85

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paroles de son Martan. « Non, — répond le roi, — son action n’est pas si grave qu’à mon avis il y aille de la tête. Je veux, pour le punir, le livrer à la population, pour qui ce sera une nouvelle fête. » Aussitôt il fait venir un de ses barons et lui dicte ses ordres.

Ce baron, après avoir pris avec lui un grand nombre d’hommes d’armes, va se poster avec eux à la porte de la ville. Là, il les place en silence, et il attend l’arrivée de Griffon. Aussitôt que ce dernier est entré, il est saisi à l’improviste entre les deux ponts, et pris sans qu’il puisse faire de résistance. Puis, après avoir été abreuvé d’outrages et d’affronts, il est enfermé dans un obscur cachot jusqu’au jour.

À peine le soleil, à la crinière dorée, eut-il quitté le sein de l’antique nourrice, et eut-il commencé à chasser l’ombre des plages Alpines et à en éclairer les sommets, que le vil Martan, craignant que Griffon ne dévoilât la vérité et ne rejetât la faute sur qui l’avait commise, prit congé du roi et se hâta de partir,

Donnant pour excuse à l’insistance du roi, qu’il n’était pas préparé à un tel spectacle. Outre le prix de sa prétendue victoire, le roi reconnaissant lui avait fait de nombreux dons. Il lui avait même remis un écrit authentique, où les éloges les plus grands lui étaient prodigués. Laissons-le aller, car je vous promets qu’il recevra une récompense selon son mérite.

Griffon, accablé d’injures, fut traîné sur la place