Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/168

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haras ; les Grâces et Cupidon viendraient y faire leur séjour, abandonnant à tout jamais Chypre et Cnide.

Elle devait être ainsi transformée par les soins d’un homme qui joindrait la science au pouvoir suprême, et dont l’énergique volonté élèverait autour de sa bonne ville une ceinture de digues et de murailles, de façon à lui permettre de braver les attaques du monde entier, sans qu’il fût besoin d’appeler personne à son secours. Celui qui accomplirait de telles merveilles s’appellerait Hercule, et serait fils et père de deux autres Hercule.

C’est ainsi que Renaud, tout en contemplant l’humble cité, se rappelait ce que lui avait dit son cousin, avec lequel il s’entretenait souvent des choses à venir révélées à Maugis par sa science de devin. « Comment — se disait-il — peut-il se faire qu’un jour florissent sur ces marécages les arts et les belles-lettres ;

« Et qu’une cité si grande et si belle sorte d’une si petite bourgade ? Comment peut-il se faire que ces marais, qui l’entourent aujourd’hui de tous côtés, deviennent jamais des campagnes riantes et couvertes de richesses ? Ô ville, dès à présent je me lève pour saluer le dévouement, la générosité, la noblesse de tes princes, et les mérites si prisés de tes chevaliers et de tes citoyens illustres !

« Puisse l’ineffable bonté du Rédempteur te faire vivre toujours en paix, dans l’abondance et dans la joie, protégée par la sollicitude, le génie, la