Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/179

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le soleil s’arrête et adoucit ses rayons ; la terre immobile tourne et change de place ; la glace s’enflamme, et le feu se congèle.

" Maintenant je suis ici pour te récompenser de ce que tu fis autrefois pour moi. En ce moment nul ne me demande en vain une faveur, car je suis hors de la peau du serpent. Je te ferai dans un instant trois fois plus riche que tu ne le fus par héritage paternel. Et je veux que tu ne redeviennes plus jamais pauvre ; au contraire, plus tu dépenseras, plus ta fortune augmentera.

" Et parce que je te retrouve encore enchaîné dans les liens dont Amour t’avait lié jadis, je veux te montrer de quelle façon tu dois t’y prendre pour satisfaire tes désirs. Je veux que, pendant que le mari est loin d’ici, tu mettes sans retard mon conseil à exécution. Tu vas aller trouver la dame qui habite hors la ville, à la campagne, et je serai encore près de toi. "

« Elle poursuivit en lui disant de quelle façon elle entendait qu’il se présentât devant sa dame ; comment il devait s’habiller ; .comment il devait la prier et la tenter. Elle lui dit quelle forme elle prendrait elle-même, car, hormis le jour où elle rampait avec les serpents, elle pouvait, à sa volonté, prendre toutes les formes du monde.

« Elle lui fit prendre l’habit d’un pèlerin qui va quêtant de porte en porte au nom de Dieu ; quant à elle, elle se changea en chien, le plus petit que jamais nature eût fait, à poils longs, plus