Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/188

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pour ses amis, de le prendre sans crainte. Anselme donne son cheval à garder à son serviteur, et franchit le seuil. On le conduit à travers les salles et les chambres où, de bas en haut, il admire toutes ces merveilles.

« Il va, regardant la forme, le style, la beauté, la richesse du travail, et tous ces ornements vraiment royaux. Parfois il dit : "Tout l’or qui est sous le soleil ne pourrait payer ce splendide monument. " À cela, l’ignoble Maure répond et dit : " Il peut encore trouver son prix ; on n peut le payer, sinon avec de l’or et de l’argent, du moins d’une manière moins coûteuse. "

« Alors, il lui fait la même proposition qu’Adonio avait faite à sa femme. On peut, par cette proposition brutale et honteuse, juger combien il était bestial et sauvage. Repoussé trois ou quatre fois, il ne se laisse point décourager, et il insiste tellement, en offrant toujours le palais pour prix, qu’il finit par faire consentir Anselme à satisfaire son appétit dépravé.

« Argia, sa femme, qui se tenait cachée près de là, le voyant tombé dans une telle faute, se montre soudain, en criant : " Ah ! la belle chose que je vois, et bien digne d’un docteur tenu pour sage ! " Tu peux penser si le docteur, surpris en si honteuse posture, devint rouge de honte, et resta bouche close. Ô terre, pourquoi ne t’entr’ouvris-tu pas en ce moment pour le cacher dans ton sein ?

« La dame, heureuse de se disculper et de faire