Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/217

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la vertu, ni l’esprit, ni la bonté, et plus encore dans le cas dont il s’agit ici que le reste du temps.

Roger disait : « Bien qu’Aymon soit disposé à faire de sa fille une impératrice, la chose ne sera pas terminée de sitôt avec Léon. J’ai bien encore un an devant moi. J’espère d’ici là avoir détrôné Léon et son père, et quand je leur aurai pris leur couronne, je ne serai plus un gendre indigne d’Aymon.

« Mais si, comme il l’a dit, il donne sans retard sa fille au fils de Constantin ; s’il n’a aucun égard pour la promesse qui m’a été faite par Renaud et par son cousin Roland, promesse faite en présence du saint vieillard, du marquis Olivier et du roi Sobrin, que ferai-je ? Souffrirai-je une si grave offense, ou mourrai-je plutôt que de la souffrir ?

« Hélas ! que ferai-je ? Est-ce contre le père de Bradamante que je me vengerai de cet outrage ? Je ne vois pas que je sois prêt à le faire, et je suis à me demander si je serai sage ou fou en le tentant. Mais supposons que je mette à mort l’inique vieillard et toute sa famille, non seulement cela ne m’avancera pas beaucoup, mais cela sera au contraire un nouvel obstacle à mon désir.

« Mon intention a toujours été et est toujours de me faire aimer par ma belle dame, et non de me rendre odieux à ses yeux. Mais si je tue Aymon, ou si je trame quelque chose contre son frère ou les siens, ne lui donnerai-je pas le droit