Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser la France d’une si longue guerre, soit par une bataille, soit en assiégeant les Sarrasins dans Arles.

Lorsqu’on connut au camp l’arrivée de Bradamante, ce fut une joie et une fête. Chacun la saluait respectueusement, et elle rendait aux uns et aux autres leur salut d’un signe de tête. Renaud, dès qu’il eut appris sa venue, accourut à sa rencontre. Richard, Richardet et tous ses autres parents vinrent aussi et la reçurent avec allégresse.

Puis, quand on apprit que sa compagne était Marphise, si fameuse par les lauriers qu’elle avait cueillis des frontières du Cathay aux confins de l’Espagne, chacun, pauvre ou riche, sortit de sa tente. La foule, désireuse de la voir, venait de tous côtés, se heurtait, se poussait, s’écrasait, pour admirer un si beau couple.

Elles se présentèrent modestement devant Charles. Ce fut le premier jour, écrit Turpin, qu’on vit Marphise ployer les genoux. Le fils de Pépin lui parut seul digne d’un tel hommage, parmi tous les empereurs et tous les rois illustres par leur courage ou leurs richesses que comptait l’armée sarrasine ou l’armée chrétienne.

Charles l’accueillit avec bienveillance, et vint à sa rencontre en dehors de sa tente. Il voulut qu’elle s’assît à ses côtés, au-dessus de tous, rois, princes et barons. Ayant congédié la plus grande partie des assistants, il ne garda près de lui qu’un petit nombre de courtisans, c’est-à-dire les paladins et les princes. La vile plèbe se répandit au-dehors.