Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/9

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Si le Macédonien envia le fier Achille d’avoir été célébré par la trompette méonnienne, combien plus, invincible François de Pescaire, ne te porterait-il pas envie, s’il vivait de nos jours, toi dont une épouse aussi chaste que chère chante l’éternelle gloire, et dont le nom reçoit d’elle un tel retentissement, que tu n’as point à désirer de meilleure trompette ?

Si je voulais noter ici tout ce qu’on peut dire à cet égard, ou tout ce que je désirerais en dire, j’allongerais trop mon poème, sans jamais cependant épuiser mon sujet. Pendant ce temps, je laisserais de côté la belle histoire de Marphise et de ses compagnons, que j’ai cependant promis de continuer, si vous veniez m’entendre dans ce chant.

Or, puisque nous sommes ici, vous pour m’écouter et moi pour tenir ma promesse, je remettrai à une meilleure occasion de prouver que celle dont je parle est digne de toutes mes louanges. Non pas que je m’imagine que mes vers soient nécessaires à qui en a tant écrit soi-même ; mais seulement pour satisfaire le désir que j’ai de l’honorer et de la louer.

En somme, mesdames, je conclus qu’à tous les âges, beaucoup d’entre vous ont été dignes d’être mentionnées par l’histoire, mais que, grâce à la jalousie des écrivains, vous êtes retombées dans l’oubli après votre mort. Il n’en sera plus ainsi, car vous immortalisez vous-mêmes vos propres vertus. Si les deux belles-sœurs avaient